Les Wayana dont le nom signifie « peuple », appelés anciennement Roucouyenne (dénomination coloniale), constituent un des six peuples amérindiens de Guyane. Au nombre de 2000 individus environ et appartenant au groupe Karib, ils sont principalement localisés sur les berges du Haut Maroni et de la rivière Litani, en Guyane.
Chez les Wayana, il existe un système de parenté indifférencié, reposant sur le patrilignage et le matrilignage[1].
De nombreux peuples amérindiens (Upului, Opkawana, Kukuyana, Kumakwaliïyana, Kwananïyan) vivaient auparavant vers la source de criques et faisaient occasionnellement alliance entre elles pour lutter contre les Tïlïyo ou les Wayampi. Les affrontements terminés, certains sont venus s’installer sur les bords du Jari et se sont fédérées pour fonder le peuple Wayana, mettant en commun leurs connaissances. Kuliyaman[2], décrit d’ailleurs son peuple comme des nomades sur le Jari[3] (Chapuis, 2007). Grands voyageurs, les Wayanas ont eu un ascendant culturel sur les autres sociétés amérindiennes qui les entouraient. Les informations recueillies par l’explorateur français Coudreau au XIXe siècle sous la forme de traditions orales, ainsi que celles émanant du contact entre Wayana et Français établis sur l’Oyapock[4] au début du XVIIIe siècle, font état d’une communauté d’agriculteurs très ancienne. À l’instar des autres amérindiens, ils pratiquaient le défrichement en exploitant des clairières naturelles et des clairières occasionnelles générées par la chute de grands arbres. Ne disposant pas alors d’embarcations assez résistantes pour passer les puissants sauts des fleuves, les Wayana n’étaient pas établis comme aujourd’hui le long des cours d’eau, mais davantage le long des layons, déplaçant leurs villages sur ce sentier afin de renouveler les terres cultivées. Les Wayana « semblent avoir toujours pratiqué ce semi-nomadisme, imposé en fait par le milieu géographique »[5].
Vers 1760, certains Wayana se déplacent et s’installent sur le Marouini, affluant du fleuve Maroni[6], occupant ainsi l’espace en une série de villages alignés du Marouini au Jari et au Parou, ainsi que le long du Tamouri, affluent de l’Oyapock. Mais au contact d’autres communautés amérindiennes de l’Oyapock, les Wayana connaissent à leur tour une décroissance démographique générée par la propagation de maladies virales contractées au contact des Européens, ce qui les poussent à se retirer plus au Sud. Dès le milieu du XVIIIe siècle, les Wayana apprennent à construire des embarcations plus résistantes permettant de franchir les rapides grâce à la perception d’outils en fer par les Boni. Cet apport supplémentaire aura pour conséquence de modifier dès le début du XIXe siècle l’habitat des Wayana qui s’établissent désormais sur le cours même des grands fleuves. Aujourd’hui, les Wayana se retrouvent au Brésil, au Surinam et en Guyane sur la commune de Maripasoula où ils sont répartis en une douzaine de villages sur le haut cours du fleuve Maroni (Lawa) entre les confluents du Tapanahoni et du Tampok et Itany (Aletani).
La Zone de Droit d’Usage Collectif (ZDUC)[7] sur laquelle sont établis les Wayana (314 000 hectares) est théoriquement protégée : depuis 1970, le territoire n’est accessible que sur autorisation préfectorale, mais pourtant cette zone est victime des dégâts collatéraux de l’orpaillage clandestin. Ainsi le gibier est plus rare (chassé par les garimpeiros) et le poisson est quant à lui pollué par le mercure, ce qui a des conséquences sanitaires catastrophiques en termes d’imprégnation sur les populations wayana. En 2010, une pétition a été lancée à l’intention du Président de la République afin de faire reconnaitre les droits des Wayana et Teko qui vivent sur ce territoire, faire respecter les textes déjà ratifiés par la France et d’une façon générale faire avancer la reconnaissance de ces peuples.
Langues
La diversité culturelle présente (...)
Langues
La diversité culturelle présente sur le haut Maroni favorise des pratiques plurilingues. Ainsi, de nombreux Wayana pratiquent au moins deux langues : le wayana et l’aluku (langue créole à base lexicale anglaise). D’autres langues amérindiennes sont également pratiquées par certains Wayana comme l’apalai, le tiliyo (langues également caribes), le wayampi et l’émerillon (langues tupi-guarani). La génération des plus jeunes qui est scolarisée parle le français. En outre, Les Wayana originaires du Surinam parlent le sranan tongo et ceux venus du Brésil parlent le portugais. De surcroit, certains Wayana de Guyane parlent également le portugais, appris par le contact avec des orpailleurs brésiliens [1].
[1] Léglise I. et Migge B. (dir.), 2008, « Pratiques et représentations linguistiques en Guyane, Regards croisés », Paris, IRD Éditions.