Palikur
Histoire
Les Palikur constituent une des (...)
Histoire
Les Palikur constituent une des six nations amérindiennes de Guyane avec les Lokono, les Kali’na, les Wayana, les Wayapi et les Teko.
Ils sont rattachés à la famille linguistique arawak, tout comme les Lokono. Les Palikur sont environ 800 en Guyane.
L’organisation et la structure familiale des Palikur est dite clanique et patrilignagère : c’est-à-dire que ce sont les ancêtres masculins qui donnent leur nom au clan du père ainsi que les caractéristiques économiques, politiques et culturelles.
Originaires d’un affluent du Rio Uaça (la rivière Rokawa pour les Franco-Guyanais et Arukawa ou Urucauá, pour les Brésiliens), les Palikur considèrent que cette rivière est le centre du monde, leur donnant ainsi leur autodénomination « Aukwa-yène » qui signifie « les gens de la rivière du milieu ».
Les Palikur sont référencés dans cette région de basses terres inondables depuis le début du XVIe siècle. Ils constituent la nation la plus ancienne du littoral. Il existe 17 clans, dont six en Guyane. Chacun des clans possède un nom donné par les autorités portugaises, françaises ou brésilienne, ainsi qu’un nom Palikur qui fait référence à un élément de la nature (totem) [1].
Les clans Palikur [2]
Dénomination coloniale |
Nom Palikur |
Totem |
Labonté |
Kawa-yéne |
Ananas |
Norino |
Wavo-yéne |
Chenilles |
Yapara |
Wadayu-yéne |
Agratiches |
Batiste |
Wakavu-yéne |
Fourmis |
Martin/Guiyaumin |
Parayu-yéne |
Couman couman |
Félicio |
Wachi-yéne |
Terre/peuple |
Les Palikur seraient originaires du Sud-ouest de l’État du Pará (Brésil), plus précisément du haut Xingu, dans le Sud-ouest. En 1550, ils sont identifiés par Vincente Pinzon à l’ouest de l’embouchure de l’Amazone, puis Henri Coudreau[3] relève leur présence sur la rivière Arukawa (État de Pará, Brésil) au 19ème siècle, (Arnaud, 1980).
Aujourd’hui, on dénombre 400 individus au bord de l’estuaire de l’Oyapock (la Savane et Trois Palétuviers) et 600 dans la vallée de l’Arukawa (Brésil).
Le premier mouvement migratoire des Palikur résulte des diverses guerres opposant la France au Portugal afin de conquérir ce territoire, du XVIIe au XVIIIe siècle. Fuyant les Portugais, les Palikur se replient dans la commune de Saint Georges, protégés par les Français.
À l’issue du conflit, la majorité des Palikur sont retournés sur leurs terres ancestrales dans la région de Rokawa. Le deuxième mouvement migratoire motivé par des questions d’ordre magico-religieuses et économiques a poussé les Palikur dans les années 1960 à l’intérieur des terres de la Guyane.
La mobilité des Palikur génère des déplacements réguliers de Rokawa à Tonate-Macouria en passant par Saint Georges. Néanmoins, les populations Palikur de Régina, Roura, Lamirande et l’îlet Malouin se sont, elles, entièrement sédentarisées[4].
À l’instar des autres populations amérindiennes, les Palikur revendiquent « la reconnaissance de [leur] droits aborigènes, c’est-à-dire la reconnaissance de [leur] droits territoriaux »[5].
Ils expriment ainsi leur opposition à voir leur territoire se restreindre, contraignant leur possibilité de vivre leurs traditions.
En 1987, Jacques Chirac, alors Premier ministre, signe un décret qui va permettre la création de Zones de Droits d’Usage Collectifs (ZDUC)[6], de concessions et de cessions collectives.
C’est ainsi que quinze ZDUC, neuf concessions et trois cessions collectives ont été créées depuis par arrêtés préfectoraux, permettant ainsi aux populations qui tirent traditionnellement leurs moyens de subsistance de la forêt de maintenir leurs diverses activités traditionnelles.
Par exemple, en 2006, les Palikur se sont montrés particulièrement engagés avec d’autres associations en soutien dans la lutte contre la multinationale canadienne Cambior, qui envisageait d’implanter une mine d’or primaire, à ciel ouvert, sur la montagne de Kaw. Cette forte mobilisation a conduit à l’avortement du projet.
Aujourd’hui, toutes les populations amérindiennes bénéficient d’une ZDUC, à l’exception des Kali’na des communes de Mana et d’Iracoubo, ainsi que les Palikur de Régina et de Saint-Georges de l’Oyapock.
Langues
Les Palikur sont locuteurs de leur (...)
Langues
Les Palikur sont locuteurs de leur langue, l’arawak, mais ils sont également nombreux à parler le français, notamment pour les plus jeunes scolarisés, ainsi que le créole guyanais (dans sa variante oyapockoise). Certains d’entre eux pratiquent également le portugais [1].
[1] Launey M.., 2003, Awna parikwaki – Introduction à la langue Palikur de Guyane et de l’Amapa, Paris, IRD Editions.