Créole vient du mot criollo qui au XVIe siècle, était employé par les Espagnols pour désigner leurs enfants nés aux Indes occidentales. Telle était toujours la définition du mot “criole” dans le dictionnaire de Furetière datant de 1690.
Pour les Français, qui le transformèrent bientôt en créole, le terme devint largement synonyme de Blanc né aux colonies. Cependant, la distorsion commençait à apparaître entre la définition retenue en Europe (et dans les dictionnaires) et la pratique locale.
Dès la fin du XVIIe siècle, en effet, dans son Nouveau voyage aux Isles de l’Amérique, le Père Labat parlait d’esclaves créoles par opposition aux esclaves de traite. D’une manière générale, ce terme qualifiait en fait la descendance locale d’une espèce importée : on parlait aussi de maïs créole ou de bétail créole.
Appliqué aux êtres humains, le mot désignait donc une personne née sur place de parents immigrants et par là-même distinguée aussi bien des autochtones que des nouveaux venus. Cette nuance est particulièrement importante pour la Guyane où les Créoles se distinguent toujours à la fois des Amérindiens et des immigrants[1].
Les Créoles guyanais sont les descendants d’esclaves ayant adopté les modèles occidentaux. Il faut préciser « Créoles guyanais » car il existe en Guyane d’autres populations créoles et d’autres peuples guyanais.
Les Créoles guyanais représentent la minorité proportionnellement la plus importante et ils dominent culturellement sur le littoral atlantique.
Aujourd’hui, les Créoles guyanais se définissent comme un groupe socioculturel à part entière, à ce propos, Collomb[2] précise que dans la société guyanaise en formation, l’idéologie de l’assimilation des valeurs et de la culture française distinguait le groupe créole[3] ‒ alors considéré comme représentant véritablement les « Guyanais » ‒ des autres groupes présents de longue date sur le territoire, Amérindiens et Noirs marrons.
Dupuy[4] précise que ces deux peuples ont été longtemps considérés comme étant des populations « « primitives » par les habitants (Blancs et Créoles) du littoral en général et de la région de Cayenne en particulier ».
Puis, dans les années 1970, sous l’impulsion de la « négritude » ‒ énoncée depuis les années 1930 par Césaire, Sedar Senghor et Damas ‒ se superpose l’idéologie des racines. Les Créoles de Guyane ont ainsi procédé à une revalorisation des autochtones et descendants d’esclaves marrons[5].
Depuis la fin du XIXè siècle, les Créoles guyanais sont particulièrement investis dans le domaine de l’administration, la fonction publique et la politique, ce qui leur permet d’affirmer une position dominante. Pour résumer la place des Créoles guyanais, Jolivet souligne qu’ils « sont passés de état de majorité dominée celui de minorité dominante »[6].
Par ailleurs, ils occupent principalement des postes relevant de la fonction publique. En effet, « plus du tiers de l’emploi en Guyane repose sur la fonction publique (Insee 1999) qui est composée en majorité de Métropolitains, d’Antillais et de Créoles guyanais (emplois réservés aux individus de nationalité française) »[7].
Langues
En 1677, la Guyane comptait 1454 (...)
Langues
En 1677, la Guyane comptait 1454 esclaves dont le noyau dur était formé de plusieurs centaines d’esclaves locuteurs de langues fon et gun placés à des postes à responsabilité sur les plantations ou dans les maisons de la ville de Cayenne. Entre 1687 et 1700, la situation linguistique à Cayenne changea radicalement. Plusieurs centaines de captifs congo sont vendus en 1687, et au moins trois navires amènent des Sénégambiens, des Peuls et des Bambaras. Une des conséquences de cette diversité linguistique croissante est que le pidgin, c’est-à-dire la langue permettant le contact entre les maîtres et les esclaves, devient rapidement la langue principale de communication mais cette fois, entre les esclaves. Cette langue deviendra le Créole[1].
Les Créoles parlent le créole guyanais (créole à base lexicale français) et le français.